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mardi 18 octobre 2011

2011 - Susanna Wallumrød (Susanna and the Magical Orchestra) - Jeg vil hjem til menneskene - Review / Chronique - Retour sur la discographie de Susanna





Je pensais que j'aimais Susanna Wallumrød (de la même manière qu'un bon nombre de ses fort talentueuses consoeurs scandinaves) mais je me suis vulgairement trompée. Je ne l'aimais pas, en réalité, je suis éperdument amoureuse de sa voix, de sa gentillesse, de son humilité et de la douceur qu'elle met dans ses interprétations. Je me suis rendue compte de cet état en ré-écoutant depuis quelques semaines ses albums avec The Magical Orchestra (qui est au demeurant un duo qu'elle forme avec le claviériste Morten Qvenild) et en solo sortis sur l'incontournable label norvégien  Rune Grammofon. Quand Susanna et Morten nous ont fait partager en 2004 List of Lights and Buoys, la musique scandinave était (encore et) surtout reconnue et exportée pour ses groupes pop et de metal, Ane Brun et ses homologues féminines n'avaient pas encore réellement percé malgré quelques bons groupes comme Bel Canto (fondé en 1985), précurseurs de "bonnes musiques", qui oeuvraient uniquement dans leur pays d'origine. Cependant, depuis un peu moins d'une dizaine d'années, la musique scandinave sous toutes ses formes (pop, folk, country, rock, électronique, etc.) a éclos d'une façon inattendue et fulgurante, de telle façon que les artistes issus de cette péninsule égalent aisément les artistes anglo saxons d'un point de vue autant qualitatif et quantitatif.

Et Susanna et son Magical Orchestra ont contribué, en filigrane, à nous faire découvrir une musique avec des émotions pures, intenses sur fonds d'arrangements à première vue simples mais définitivement complexes. L'étonnant List of Lights and Buoys faisant part d'un style musical entre lo-fi folk et le folktronica ainsi que Melody Mountain (2006), composé uniquement de reprises toutes dépouillées jusqu'à l'os tant que l'on n'y reconnaissait plus les originaux, un exercice de style d'une réussite implacable, ont imposé ce duo atypique sur la scène internationale indépendante. Certes la renommée des deux compères musicaux n'est pas à proprement dite internationale dans le sens classique du terme, ces derniers ne passeront sans doute jamais sur la FM ou à des heures de grande écoute mais auprès des professionnels et de leur public de base, ils sont incomparables, leur style d'une sobriété ascétique et aérienne nous propose une bulle sonore précieuse et fabuleuse, impression qui ne sera que davantage grandie et confirmée par leur opus 3 (2009, chronique et écoute ici) qui démontra la capacité au duo de se renouveler et d'être davantage accessible tout en gardant leur qualité et intégrité musicales.

Néanmoins, il n'est pas tant question de parler du duo que de la vedette de cette chronique : Susanna Wallumrød, cette belle norvégienne à la voix d'or, d'une pureté glacante mais qui réchauffe les coeurs (on peut la comparer au miracle qu'est de trouver de l'eau dans un désert). Jeune trentenaire, elle a déjà sorti six albums : trois avec Morten et trois en solo, un équilibre parfait. Dès 2007, elle a entamé une carrière sous le simple nom de Susanna, son jazzy Sonata Mix Dwarf Cosmos en a jeté plein la vue et a ému jusqu'aux larmes avec un minimalisme frisant l'aridité. Il procurait l'impression que c'était seule (alors qu'accompagnée d'une dizaine de musiciens dans les faits) avec ses compositions, son piano ou sa guitare que Susanna défendait son art. Cétait elle et son auditorat, une plongée dans l'intimisme dont il était difficile de sortir indemne. En écoutant Born In The Desert, Hangout (chef d'oeuvre déchirant de l'opus), Stay, We Offer et Lily que l'on se rend compte que cette musique statique, d'une lenteur inexorable, d'une beauté éclatante délivre des émotions à fleur de peau qui n'ont pas fini de faire frissonner les plus endurcis d'entre nous. Petit chef d'oeuvre. 20/20.



Hyper active, Susanna enchaîne l'année suivante avec Flower Evil (2008), un album de cover (à l'exception de deux titres), un exercice auquel elle était rodée depuis Melody Mountain (2006) à la différence près que ce nouvel opus possède une tournure musicale fort différente : certes les tonalités sont toujours en tempo ralenti mais le tout est beaucoup plus fluide, uni, langoureux et surtout chaleureux. Susanna n'a même sans doute jamais été aussi touchante et humaine que sur ces nouvelles réinterprétations de titres d'artistes aussi opposés que peut être Black Sabbath de Sandy Denny. Plus que jamais, le piano et la diaphane et somptueuse voix de Susanna sont mises à l'honneur sur Flower Of Evil. Un album mis également en relief par deux autre musiciens : Pal Hausken (percussions) et Helge Sten (à la guitare) qui contribuent à l'aspect vaporeux et quelque peu lumineux de l'opus. Sans oublier la participation remarquable de Bonnie "Prince" Billy sur deux duos poignants : Jailbreak (Thin Lizzy) et Without You (Badfinger). Certains pourraient voir en cet album de reprises, des tonalités monotones voire monochromes, pourtant j'arrive à percevoir toutes les nuances de ses interprétations et la subtilité des arrangements, pour cela, les écoutes répétées sont une fois de plus préconisées. Et puis, quel bonheur de redécouvrir un titre comme Lay All Your Love On Me d'Abba transfiguré en magnifique ballade tourmentée. La délicatesse, la sensibilité, l'humilité et le respect (par rapport aux originaux) sont les qualités essentielles de cette belle oeuvre, une fois de plus, maîtrisée par l'indispendable artiste qu'est devenue Susanna. 19/20.



Etait-ce un désir de retourner aux sources que Susanna a décidé de reprendre son nom en entier Susanna Wallumrød et de sortir un album Jeg vil hjem til menneskene (2011)entièrement en norvégien en interprétant des textes du poète Gunvor Hofmo (1921-1995)  sur un autre label/distibuteur  Grappa/Musikkoperatørene ? Un tournant pour Susanna qui a embrasé un projet ambitieux destiné à un public norvégien avant-tout. Et pourtant... pourtant cet album est à découvrir absolument. Je ne connais pas un traître mot de cette belle langue, ni ne connait davantage l'oeuvre et le parcours de ce poète moderne,  magnifiquement mis à l'honneur par le chant de sirène de Susanna, mais on ne peut s'empêcher de se sentir toucher pas la beauté et l'originalité de l'initiative. Loin de l'univers lo-fi entreprise avec son Magical Orchestra, Susanna et sa "nouvelle"équipe de musiciens : Andreas Stensland aux claviers, Hans Magnus Ryan à la guitare, Jo Berger Myhre à la basse et Erland Dahlen à la batterie, nous introduisent à un univers aux contours rock et bluesy du plus bel effet. Le résultat est loin de s'avérer intouchable ou inabordable pour ceux qui ne parlent ou ne comprennent le norvégien que du contraitre : on découvre une Susanna aussi vivante que vibrante, très loin des poses superbement maniérées auxquelles elle nous avait habitués. Je lui tire tout simplement mon châpeau car Jeg vil hjem til menneskene est un opus accessible et surprenant ; même les amateurs de la première heure de la dame norvégienne ne seront pas déçus car quelques splendides ballades incandescentes se cachent par-ci, part-là. Le norvégien est devenu officiellement une de mes langues préférées, pas étonnant en compagnie aussi divine. 19/20.



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Où Trouver ces petits chefs d'oeuvre ?

Sous Susanna avec ou sans son Magical Orchestra Platekompaniet.no, cdon.eu

Susanna

Sous Susanna Wallumrød : Platekompaniet.no, cdon.eu, Amazon.fr

Jeg vil hjem til menneskene - Susanna Wallumrød synger Gunvor Hofmo - Susanna Wallumrød





2 commentaires:

Fritz a dit…

Belle revue et je pense qu'on doit communiquer de façon télépathique car la semaine dernière j'étais en train de saliver sur le site de Rune Grammofon en découvrant que non seulement elle avait enregistré des albums en solo mais qu'ils étaient disponibles en format vinyl!!!

Mon album préféré est Flower power; tout simplement sublime, sa reprise de Dance on de Prince est méconnaissable et tout l'album est simplement sublime. J'ai également adoré son album en norvégien; je suis d'accord que la langue n'est vraiment pas une barrière: l'émotion passe. Ces 2 derniers albums démontrent quant à moi beaucoup plus l'étendue de son registre.

saab a dit…

ses albums sont tous superbes, et en tout 6 rien que pour le plaisir des oreilles, c'est presque trop de bonheur et comme tu sais le nouveau single sorti sur son propre label est aussi un petit joyau, je viens de l'acheter sur i-tunes ;)

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