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lundi 29 octobre 2012

R.I.P. - Terry Callier - L'Adieu au Roi


Ceci est une lettre adressée à ce grand monsieur qui a disparu physiquement (mais non spirituellement) le 28 octobre 2012 et non un récapitulatif de sa carrière, les journalistes étant davantage compétents que ma personne pour cet exercice contraignant, je vous renvoie aux texte de Culturopoing.com, du Focus.levif.be et à cette interview de Magicrpm.com qui sont autrement plus complets.

Terry Callier by Sabrine Carrein on Grooveshark

Depuis dimanche soir, je n'écoute plus que vous, je ne pense plus à la musique qu'à travers votre prisme, je vous ai découvert sur le tard mais le coup de foudre fut si intense et violent que j'ai remis en question tout ce que j'écoutais à l'époque par facilité. Vous avez changé ma vision de la musique, vous avez transformé ma vie, ce qui était devenu vain est redevenu une passion intense et puissante, je me suis même intéressée à des artistes que je pensais ne jamais apprécier. Cependant, je n'ai jamais retrouvé un autre artiste pour lequel je voue une telle admiration, non malgré le fait avéré que j'en adore beaucoup mais que j'en adule peu au final. Vous seul étiez capable de m'émouvoir à ce point, de faire battre mon coeur de façon si incontrôlable sur What Color Is Love qui reste à ce jour ma chanson fétiche et ce à jamais. Votre voix reste la plus belle du monde, pas même une voix féminine (moi qui n'ai d'oreilles que pour celles-ci) ne pourra sans doute vous être comparée et que dire de ce qu'elle véhiculait comme émotions, les mots n'étant pas suffisamment précis pour les décrire.
 
Vous étiez un être humain extraordinaire, d'une humilité et chaleur inégalables, vous n'avez jamais obtenu (de votre vivant à tout le moins) la reconnaissance méritée même si dans le cercle des connaisseurs vous étiez foncièrement respecté car sur une période (tourmentée) de dix années, vous avez sorti quatre pépites intemporelles : The New Folk Sound of Terry Callier (1964) alors que vous n'aviez pas encore vingt ans, Occasional Rain (1972), What Color Is Love (1973) qui restera sans doute votre oeuvre maîtresse et I Just Can't Help Myself (1974). Vous étiez le précurseur d'une folk/soul à la fois douce et engagée, comme pour mieux nous enjôler afin de nous convaincre. En fait non, convaincre n'a jamais été votre but, vous faisiez passer un message de paix et de tolérance, à travers votre spiritualité et sens de la poésie, qui a même été récompensé par un prix des Nations unies. Vous avez galéré pendant longtemps et avez même été contraint d'abandonner la musique dans les années 80's. Ces années-là n'en avaient que faire de la folk/soul et de vos tentatives maladroites mais intéressantes dans la musique plus funk, voire disco (Fire On Ice en 1977 et Turn You To Love en 1978), cela aura pour conséquence de vous condamner à l'anonymat pendant près de deux décennies.
 
Ironie du sort quand tu nous tiens, c'est le Vieux Continent qui vous a redécouvert, vraiment les États-Unis ne sauront sans doute jamais l'or qui leur a échappé de leurs mains souvent (trop) grossières... ce seront le franco-suisse et patron de label Gilles Petterson, l'anglaise Beth Orton et  encore plus précisément les bristoliens de Massive Attack, avec le titre inoubliable Live With Me, qui vous remettront le pied à l'étrier avec, et en même temps sans, votre consentement éclairé car quand vous perdrez votre job en conséquence de votre résurrection sur la scène musicale, vous serez contraint d'y rester mais juste pour le meilleur et pour le bonheur des mélomanes. Les albums d'exception se relaieront : Timepeace (1998), Lifetime (1999),  Alive With Terry Callier (2001), Speak Your Peace (2002), Lookin' Out (2004), Welcome Home (live, 2008) et enfin Hidden Conversations (2009) qui restera à jamais le dernier album studio sorti de votre vivant.

D'ailleurs, je resterai à jamais étonnée par l'hétéroclisme des styles musicaux abordés le long de votre carrière (folk, soul, jazz, funk, disco, reggae, pop, spoken word, blues, R&B, etc.) le contraste qui existe entre vos dernier opus : le sublime jazz expérimental de Lookin' Out ou encore le spoken word associé à la modernité du trip hop de Massive Attack sur le brillant et enragé Hidden Conversations. Depuis 2009, je vous avais quelque peu perdu de vue même si sur mon i-pod classic restera à jamais gravé votre discographie. Depuis quelques jours, sur votre page facebook officielle, votre label Mr Bongo Records cherchait à vous joindre pour déterminer des dates de concert en 2013. Une année que vous ne connaîtrez jamais vu que vous venez de perdre votre combat contre une maladie de longue durée et dire que je ne vous ai jamais vu en concert... une amère déception ? Non, C'Est La Vie.

 











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