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vendredi 22 novembre 2013

2013 - Agnes Obel - Aventine- Chronique / Review


Philarmonics by Sabine De Greef on Grooveshark

Non, je ne l'ai jamais oubliée, je l'ai juste rangée quelque part dans mes souvenirs musicaux de l'année 2010. Une semaine avant l'été de cette année-là, j'avais écrit une petite chronique concernant son premier ep Riverside, elle était encore une inconnue étant donné qu'elle n'avait pas encore sorti son premier Lp Philarmonics qui quelques mois plus tard la propulsera au rang des meilleures piano girls sur la scène musicale actuelle, elle fit immédiatement de l'ombre aux plus grandes de Tori Amos à Regina Spektor. Hier une anonyme, aujourd'hui une superstar parmi les geeks et une partie du grand public sensibilisé à sa musique onirique, le succès rencontré scella le destin de la sirène danoise. Elle qui a été poussée à se diriger vers le piano en vertu d'une tradition familiale n'imaginait pas une seconde vivre de sa musique personnelle. Parmi ses espérances les plus folles, elle pensait réaliser des bandes originales mais pour le moment c'est le fil de ses pensées, des plus lumineuses aux plus obscures, dont elle nous fait part avec un savoir-faire extraordinaire et foncièrement personnel.

Avec le recul, Philarmonics possède toutes les qualités pour devenir un classique, un de ces albums indémodables, qui traversent toutes les modes sans prendre l'ombre d'une ride. Celui-ci semble d'un bout à l'autre avoir été touché par la grâce d'un ange : Agnes Obel qui en est son admirable architecte. Il est à la fois simple et compliqué de définir Agnes Osbel et son art. A première écoute : sobriété, authenticité, naturel et pourtant bien que cela ne soient des faux-semblants sa musique est beaucoup plus énigmatique qu'on ne pourrait le croire : son immense talent nous laisse entendre que cela coule de source mais non cela ne peut être résumé à cela : ses compositions sont précieuses, raffinées et complexes, sa voix est séraphique, les arrangements boisés sont d'une finesse qui tutoie l'excellence.

La cerise sur le gâteau étant les mélodies immédiatement entêtantes, nous propulsant dans le monde musical clair/obscur de la jeune femme avec une aisance magique, tout semble si soigneux, beau, authentique que le temps semble figé à l'écoute de cette œuvre divine. Philarmonics est un album à l'équilibre plus que parfait, les morceaux connus (le surexposé mais à jamais splendide Riverside, le délicat et parfumé Brother Sparrow,  le sublimement réjouissant et léger Just So qui est clairement le titre le plus jovial de l'opus, l'incroyable reprise sensuelle et frissonnante de Close Watch de John Cale) côtoient les morceaux plus intimistes (le magnifique et printanier Beast fortement inspiré par Chopin, le mirifique mélancolique et nostalgique Avenue, le hanté titre éponyme qui n'est pas sans rappeler les débuts d'une certaine Emily Jane White - les grands esprits se rencontrent, le déchirant Over The Hills qui fait songer au meilleur de Cat Power et l'éthéré et gracieux On Powdered Ground) et les instrumentaux avec fluidité et naturel. Une vraie magicienne cette Agnes Obel. Une des plus belles découvertes de 2010.


Note Finale : 19/20 








Aventine by Sabine De Greef on Grooveshark

Le succès ne l'a pas changé... Même avec des centaines de milliers d'exemplaires vendus de son déjà classique Philarmonics (2010), elles est restée fidèle à sa musique, à son univers, pas question de faire des concessions pour réitérer ou tenter de vendre davantage, elle ne tombera pas dans le piège d'une Adèle ou d'une Birdy en se vautrant dans le larmoyant car avec Agnes Obel on est à des milliers de lieux de ce type d'univers musical, c'est déjà cela. La danoise revient avec sa pop de chambre boisée d'une pureté et sobriété toujours aussi surnaturelles de beauté. Une fois de plus, on retombera sous le charme inusable et terriblement capiteux de la jeune scandinave. Quelques améliorations sont notables sur Aventine, son seconde Lp qui est parvenu dans les bacs européens en septembre 2013, les arrangements sont davantage travaillés, si j'avance que le résultat est exquis, je suis loin de la vérité, rien que les instrumentaux sont un pur enchantement pour les oreilles, si on y ajoute la superbe voix d'une douceur veloutée et mélancolique d'Agnes Obel, on se sent définitivement projeté dans une autre dimension ouatée aux coloris de l'automne sans subir sa fraîcheur... le violon et surtout au violoncelle sont mis un peu plus en avant pour faire part égale avec le compagnon de prédilection de la danoise : le piano ; d'ailleurs son jeu est toujours aussi fluide et aérien, encore une raison pour s'amouracher de sa musique toujours aussi intemporelle.

Aventine ressemble à Philarmonics, c'est l'évidence même, je ne sais même pas pourquoi certains critiques du dimanche lui font ce reproche. Je préfère de loin des artistes qui font de la musique qui leur tient à cœur, qui grandissent avec leur univers plutôt que d'autres qui suivent les modes et qui ne savent pas créer d'identité musicale car pris trop tôt sous l'égide d'un producteur et / ou de musiciens de renom (après un premier succès, c'est souvent ce qui arrive...). Agnes Obel fait de l'Agnes Obel et c'est au final un compliment vu qu'elle n'en n'est qu'à son second Lp, son identité musicale est donc considérée comme assez marquante. Aventine s'avère un objet de fascination mettant l'auditeur en transe, ses sonorités légèrement réverbérées, ses nouvelles couleurs sépia plus chaleureuses, la voix d'Agnes Obel hante encore plus qu'auparavant comme si (cela était possible...) elle avait pris des cours auprès de la prêtresse folk Marissa Nadler (la ressemblance d'un point de vue atmosphérique sur le titre Words Are Dead est particulièrement frappante). Une fois de plus (et heureusement) on pourra être frappé en plein cœur (ou foudroyé) par l'élégance, la majesté de l'opus dans son ensemble, il n'y aura pas de titre à la Riverside (quelle horrible expression mais cela reflète la réalité) juste un album terriblement cohérent et brillant de bout en bout. Oui, il n'y a plus la surprise de la découverte mais les améliorations sur Aventine contrebalancent ce fait, et puis comment résister à des titres aussi merveilleux que sont Fuel To Fire en apesanteur, l'éthéré à l'extrême Dorian, l'hypnotique titre éponyme, le vaporeux Run Cried The Crawling, l'extraordinaire The Curse, véritable petit chef d'œuvre, le sombre et vénéneux Words Are Dead et l'habile Smoke & Mirrors. Aventine fait partie des meilleurs disques de 2013. Ecouter cette œuvre en est la meilleure preuve. Un Must Absolu de 2013.

Note Finale : 19/20

 








Site Officiel, Facebook

Où Trouver ces Merveilles ?

Amazon.fr, Fnac.com, Wow.uk


7 commentaires:

Olivier SC a dit…

Je tente un Scoop.it, avant la Revue, pour ce billet généreux ! http://www.scoop.it/t/blog4burma/p/4011483139/2013/11/22/with-music-in-my-mind-agnes-obel-aventine --- Je ne rends pas mon lien actif : il suffit de le copier/coller ;) A te lire !

Mdkart a dit…

Une de mes chanteuses favorites actuellement.
J'ai beau l'écouter en boucle, impossible de m'en lasser.

Hâte de l'entendre en live : première fois dans une semaine à la Piscine de Roubaix et je récidiverai en avril 2014 au Sebastopol à Lille :)

Margotte a dit…

Je me suis précipitée sur ce deuxième opus... Depuis, il tourne en boucle dans ma voiture, c'est une petite merveille :-)

Toine a dit…

J'ai adoré son dernier opus... Et j'espère bien qu'elle continuera à faire ce qu'elle sait faire, à savoir du Agnès Obel... J'ai trop souvent été déçu par l'évolution "surproduite" ou des virages trop grands de certains artistes...
J'attends maintenant le Live avec impatience !

Morwenna a dit…

Jolie critique :)
Au fait, te sachant, comme moi, une grande admiratrice devant l'Eternel de Marissa Nadler, je suppose que tu as écouté le dernier album de Josephine Foster ("I Am A Dreamer")?

saab a dit…

@ Olivier : merci mille fois pour tous les liens, cela compte énormément pour moi et sui désolée de ne pas davantage commenter @ Mdkart : tu en as de la chance, elle est superbe sur ses live @ Margotte :une petite merveille, c'est exactement cela ! @ Toine : tu as tout compris, bon live en perspective :) @ Morwenna : pas encore écouter le dernier Josephine Foster mais il semble qu'il soit très bon selon les premiers échos :) Merci du rappel !

Anjelica a dit…

Bizarrement je n'ai pas accroché à son précédent album mais celui-ci, je l'adore. il tourne en boucle dans mon lecteur :)

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